Les grands auteurs

Ronald Coase (1910-2013)

Economiste britannique, il obtient le prix Nobel en 1991 « pour la découverte et la clarification de l'importance des coûts de transaction et des droits de propriété dans la structure institutionnelle et dans le fonctionnement de l'économie ». Il est considéré comme le fondateur de la théorie des coûts de transaction et le co-fondateur de l’économie institutionnaliste.

C’est dans son article de 1937 « The nature of the firm » qu’il justifie l’existence des entreprises en s’appuyant sur sa théorie des coûts de transaction. L’entreprise est présentée comme une forme de coordination des activités économiques alternative au marché.

Michel Crozier (1922-2013)

Sociologue français, Michel Crozier a fait toute sa carrière au CNRS. 
Il est le principal concepteur de l'analyse stratégique en sociologie des organisations.

M. Crozier a consacré le début de sa carrière à l’étude du monde des employés de bureau en menant une étude de terrain au centre des chèques postaux de Paris. Il a mené ensuite une enquête à la Seita qui va nourrir son ouvrage le Phénomène bureaucratique paru en 1963. Ce livre va marquer les débuts de la sociologie des organisations en France. Il montre ainsi que dans les bureaucraties les acteurs cherchent à contrôler les zones d’incertitude afin d’accroître leur pouvoir. M. Crozier démontre également que les bureaucraties sont sources de dysfonctionnement comme il l’a montré en évoquant le cercle vicieux bureaucratique.

En 1977, il publie avec E. Friedberg, L’acteur et le système, livre fondateur de l’analyse stratégique. L’acteur dispose d’une certaine marge de liberté mais il dispose d’une rationalité limitée. L’analyse stratégique étudie donc les relations de pouvoir et les effets des stratégies des acteurs dans l’organisation.

Erhard Friedberg (né en 1942)

Sociologue d’origine autrichienne mais qui a mené toute sa carrière en France.

Dans L’Acteur et le système, écrit en collaboration avec Michel Crozier, et plus récemment dans Le Pouvoir et la règle, il a élaboré un modèle théorique général de l’organisation. L’organisation est définie comme un « processus toujours politique de construction et de maintien d’ordres locaux ou partiels ».

L’analyse stratégique, développée dans ses ouvrages, devient une théorie permettant de comprendre le fonctionnement des organisations par la compréhension des stratégies individuelles des acteurs.

Franklin Mendels (1943-1988)

Historien américain, F. Mendels a proposé le terme de protoindustrialisation pour désigner l’une des premières formes d’industrie, antérieure à la révolution industrielle. La protoindustrialisation désigne le développement des industries rurales  dans de nombreuses parties de l’Europe entre le XVIIe et le XVIIIe siècle sans grand bouleversement des technologies. Ce concept a fait l’objet d’une polémique, notamment parce ce qu’il ne peut s’appliquer à toutes les régions d’Europe.

Robert King Merton (1910-2003)

Sociologue américain, R. Merton s’est intéressé au fonctionnement interne des organisations, et montre que l’organisation bureaucratique entraîne des conséquences secondaires inattendues, contraires à ses objectifs et à ses principes (les dysfonctions). Le concept de personnalité bureaucratique permet à R. Merton  de montrer que les salariés de bureaucraties adoptent une rigidité comportementale afin de s’adapter aux règles prescrites par la bureaucratie. Le développement de ce comportement ritualiste génère des dysfonctions. L’organisation est rigide, incapable de s’adapter aux besoins des clients.

Patrick Verley (né en 1944)

Historien français, spécialiste de la révolution industrielle.

Ses analyses menées sur la révolution industrielle ont permis de populariser en France le concept de protoindustrialisation mis en évidence par F. Mendels et de montrer l’impossibilité de retenir une causalité unique pour expliquer le développement de la révolution industrielle.

Renaud Sainsaulieu (1935-2002)

Sociologue français il a dirigé, au CNRS, le Centre d'études sociologiques et fondé le LSCI (Laboratoire de sociologie du changement des institutions). Pour R. Sainsaulieu, l'entreprise est un lieu majeur de socialisation et participe à la formation d'identités. L’entreprise ne peut se réduire à un lieu de production de biens et de services, c’est également une institution productrice de lien social

Max Weber (1864-1920)

Economiste et sociologue allemand, M. Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive.

Par ses travaux sur la question de l’autorité et son analyse de la bureaucratie, M. Weber peut être considéré comme le pionnier de la théorie des organisations.

M. Weber définit le pouvoir de manière relationnel et distingue trois formes de domination : la domination traditionnelle, la domination charismatique et la domination rationnelle légale. La bureaucratie est considérée comme l’organisation la mieux adaptée à la domination légale rationnelle. La bureaucratie correspond à une forme moderne d’organisation des relations sociales, révélant le processus de rationalisation à l’œuvre dans les sociétés modernes. La bureaucratie s’impose car c’est un système efficace et peu coûteux.

Oliver Williamson (né en 1932)

Economiste américain, il obtient le prix Nobel en 2009 avec Elinor Ostrom « pour leurs travaux sur la gouvernance économique ». Il a beaucoup travaillé sur les coûts de transactions, dans la continuité des travaux de R. Coase.

Il apporte deux hypothèses  à la théorie des coûts de transaction  le principe de rationalité limitée proposé par Herbert Simon et l’adoption de comportements opportunistes par les agents.

Williamson considère que toute transaction génère des coûts avant même leur réalisation.

Ces coûts sont liés à des coûts de recherche d’ information, des coûts de négociations et de décision, des coûts de surveillance et d’exécution. L’existence de ces coûts peut conduire les individus à trouver des alternatives au marché permettant de minimiser ces coûts. L’entreprise reposant sur un modèle hiérarchique est l’une d’entre elles.