Les déséquilibres macroéconomiques et financiers

Dossier corrigé

Faut-il arbitrer entre inflation et chômage ?

Introduction :

Travail sur le sujet : le sujet porte sur la question d’un possible arbitrage entre l’inflation et le chômage. Cela renvoie à la courbe de Philips qui présente (dans sa version « remaniée ») la possibilité d’un tel choix sur des bases keynésiennes. Le sujet porte donc sur la validité théorique et empirique de la courbe de Philips.

Problématique : Faut-il arbitrer entre inflation et chômage ? L’analyse de la courbe de Philips est-elle valable théoriquement ? La situation actuelle d’inflation modérée et de chômage élevé donne-t-elle une nouvelle validité à cette question ? Peut-on accepter une plus forte inflation pour lutter contre le chômage ?

I. La courbe de Philips présente la possibilité d’un arbitrage entre inflation et chômage.

A) Un choix à faire entre inflation et chômage

- présentation de la courbe de Philips, d’abord vue comme une relation statistique entre salaires nominaux et chômage puis réinterprétée comme une relation décroissante entre inflation et chômage

- l’interprétation de la courbe de Philips se base sur l’analyse keynésienne et notamment sur le phénomène d’illusion monétaire

- la courbe de Philips a été la base des politiques de « stop and go » menées durant les Trente Glorieuses

B) La stagflation remet en cause cette analyse

- à partir de la fin des années 1960, et plus encore du début des années 1970, l’inflation s’accélère en même temps que le chômage augmente : c’est ce qu’on appelle la « stagflation », elle remet en cause la possibilité d’un arbitrage entre inflation et chômage

- Friedman présente une explication théorique à la réfutation de la courbe de Philips : pour lui, elle est valable seulement à court terme. A plus long terme, en raison des anticipations adaptatives, les salariés ne sont pas victimes d’illusion monétaire et revendiquent des hausses de salaire pour « rattraper » l’inflation : il se met en place une boucle salaire-prix et le chômage ne diminue pas

- pour la nouvelle école classique (R. Lucas, J. Muth, T. Sargent), on peut parler d’anticipations rationnelles : les salariés ne sont jamais victimes d’illusion monétaire et la politique conjoncturelle ne permet jamais de lutter contre le chômage. Il faut mener des politiques structurelles qui permettent de diminuer le chômage permanent. En aucun cas, l’inflation ne peut être un instrument de lutte contre le chômage.

 

Transition : le contexte de stagflation et les analyses libérales ont discrédité l’idée d’un arbitrage possible entre inflation et chômage, le contexte de la crise de 2008 peut donner des arguments pour un tel arbitrage.

II. Depuis la crise de 2008, l’inflation est modérée et le chômage élevé

A) Le risque d’inflation semble peu probable alors que le chômage est élevé

- présentation de la situation des pays européens qui connaissent une faible inflation et un chômage élevé (pour la France, en 2012, le taux de chômage est de 10,2 % en 2012 selon le FMI alors que le taux d’inflation est de 2 %, pour la zone euro, le taux de chômage est de 11,4 % et l’inflation de 2,5 %).

- la politique monétaire de la BCE a pour objectif premier la lutte contre l’inflation alors que la Fed met sur un même pied la lutte contre l’inflation et la lutte contre le chômage. Le chômage est plus faible aux Etats-Unis que dans la zone euro.

- dès lors, même s’il y a bien des tensions inflationnistes (les prix de l’immobilier restent élevés dans plusieurs pays dont la France, et le prix du pétrole est également élevé), il pourrait sembler pertinent de relâcher la lutte contre l’inflation pour se concentrer sur le chômage

B) L’inflation pourrait être un moyen d’éviter les politiques de rigueur pour se désendetter

- c’est une solution défendue notamment par Olivier Blanchard : l’inflation a des effets positifs pour celui qui est endetté car elle diminue la charge de la dette puisqu’elle diminue le taux d’intérêt réel à taux d’intérêt nominal constant

- il semble y avoir un risque plus élevé de déflation que de dérapage de l’inflation

- la dette publique est très élevée dans plusieurs pays (plus de 100 % du PIB aux Etats-Unis et en Italie par exemple, 90,2 % en 2012 en France), elle semble atteindre des niveaux insoutenables et devra être remboursée, ce qui risque d’amener des politiques de rigueur qui peuvent encore creuser le chômage

 

Transition : Le contexte actuel donne des arguments pour un retour de l’inflation qui pourrait permettre une diminution du chômage, pour autant, l’inflation aurait aussi des conséquences négatives.

III. Pour autant, il semble difficile d’imaginer qu’une forte inflation ait des effets positifs dans le contexte actuel

A) L’inflation réduit la compétitivité

- si l’inflation n’est pas généralisée au niveau mondial, les pays qui la connaissent voient leur compétitivité-prix diminuer

- pour les pays européens, la compétitivité-prix est déjà relativement faible, en raison des salaires plus élevés que dans les pays émergents et du taux de change assez élevé de l’euro

B) L’inflation rend le financement plus difficile sur les marchés financiers

- l’inflation nuit aux prêteurs puisqu’elle a tendance à diminuer le taux d’intérêt réel

- en raison de cette inflation, les investisseurs internationaux peuvent demander une prime de risque plus élevée, ce qui peut provoquer un effet « boule de neige » de l’endettement. Or, aujourd’hui, par exemple, la France emprunte à des taux très faibles

- l’inflation peut conduire à une diminution de la note des titres sur la dette publique et accroître les difficultés

 

 

De la crise financière à la crise économique : quels canaux de transmission ?

Introduction

Travail sur le sujet : le sujet porte sur les crises économiques et les crises financières. Il faut distinguer les deux : la crise financière affecte la sphère financière (elle peut être de change, bancaire ou boursière) alors que la crise économique affecte la sphère réelle (diminution du PIB, montée du chômage par exemple). On se pose ici la question des « canaux de transmission » : la crise est d’abord financière puis elle a des répercussions sur la sphère réelle. La question est de savoir comment.

Problématique : Comment les crises financières se transmettent-elles à la sphère économique ? Comment l’altération sur le système financier a-t-elle des effets directs sur les variables réelles ? Quelles sont les répercussions de plus long terme ?

Pour traiter ce sujet, on peut s’appuyer majoritairement sur l’exemple de la crise des subprimes mais il est pertinent de donner d’autres exemples historiques.

I. Une crise d'abord financière qui a des conséquences directes sur les variables réelles

A) La crise de 2008 démarre par une crise bancaire qui crée un « credit crunch »

- rappel du déroulement de la crise de 2008 qui crée un doute généralisé sur les actifs financiers

- gel du marché interbancaire : l’incertitude sur les titres financiers fait disparaître la confiance entre les banques

- répercussion sur le crédit pour les entreprises et les ménages : la consommation et l’investissement sont affectés

- la crise s'étend à tous les pays en raison de la globalisation financière mise en place depuis les années 70 (les "3D") qui crée une forte interdépendance des marchés

B) La crise affecte les détenteurs de titres et diminue la richesse globale

- baisse de la valeur du patrimoine financier (actions et obligations perdent de la valeur sur les marchés financiers), et non financier (immobilier)

- surtout vrai aux Etats-Unis et en Grande Bretagne : forte possession de patrimoine non financier, fonds de pension et crédits hypothécaires

- les ménages risquent alors d’épargner davantage pour maintenir la valeur de leur patrimoine

C) La crise affecte l’ensemble des marchés et se mue en crise financière généralisée

- les valeurs boursières sont affectées (crise boursière), ce qui crée des difficultés de financement pour les entreprises

- la crise de 1929 a démarré par une crise bancaire et boursière et a généré une crise de change dans le cadre du « Gold Exchange Standard »

Transition : Les crises financières peuvent démarre d’une crise bancaire, d’une crise de change ou bien d’une crise boursière, elles ont des répercussions immédiates sur les variables réelles et conduisent à une crise économique générale

II. ... qui s'étend rapidement à la sphère réelle

A) Des anticipations tirées à la baisse

- le commerce international diminue en volume, ce qui étend rapidement la crise à de nombreux pays

- la diminution de la consommation et de l’investissement conduit à une baisse de la demande effective, ce qui crée du chômage et renforce les difficultés

- les agences de notation doivent donner une idée du risque encouru. Après la crise de 2008, leurs notes ont été fortement médiatisées et les diminutions de notes ont rendu les anticipations encore plus pessimistes.

B) Vers un cercle vicieux déflationniste ?

- à partir de facteurs financiers : baisse des prix et déflation généralisée. Il est difficile d'en sortir : la baisse des prix entraîne des faillites, qui conduisent à des licenciements et une baisse des stocks, qui conduisent à une baisse des prix

- I. Fisher développe aussi l'idée d'une "déflation par la dette"

C) Les autorités publiques ne trouvent pas les instruments pour sortir de la crise

- les politiques de relance menées par les pays pour lutter contre la crise ont creusé les dettes publiques

- pour certains pays, l’accès au financement par les marchés pour la dette publique est devenu plus difficile

- cet endettement réduit les marges de manœuvre des pays. Elles peuvent conduire à des politiques de rigueur qui peuvent aggraver les difficultés.

 

 

La crise des subprimes est-elle une crise originale ?

Introduction :

Présentation de la crise des subprimes, définition de ce qu'est une crise financière...

Travail sur le sujet : la question posée, ici, est celle de « l’orginalité » de la crise des subprimes : s’est-elle déroulée comme les autres ?

Problématique : la crise des subprimes est-elle une crise originale ? En quoi se rapproche-t-elle des crises précédentes ? Ses mécanismes sont-ils les mêmes que ceux des crises précédentes ? Ses conséquences seront-elles les mêmes ?

I. Des mécanismes déjà vus

A) Rôles de l’innovation financière et de la spéculation

- en 1926 : autorisation de l'achat d'action à crédit

- avant 29 : mise en place de fonds d'investissement dans lesquels vont les mauvais titres

- 2008 : titrisation, création de nouveaux produits financiers censés mieux répartir le risque.

B) Hausse de la consommation de biens durables et de l'endettement privé avant la crise

- avant 1929 : développement du taylorisme et de la consommation de masse (avec en parallèle augmentation de la part des profits) ce qui conduit à une augmentation des dettes privées (120 % du PIB US en 1920, 230 % en 1929)

- en 2008, l’endettement privé est élevé aux Etats-Unis, surtout en raison de prêts immobiliers. C’est le cas aussi en Espagne par exemple.

- augmentation de la place prise par la bourse dans l’économie réelle (désintermédiation financière dans les années 1980, financement boursier important dans les années 1920)

C) Une propagation de la crise financière à l’économie réelle

- la crise démarre d’une crise boursière et immobilière. La crise boursière est moins brutale en 2008 mais les mécanismes sont les mêmes : bulle spéculative, panique et effondrement des cours

- la crise se propage au monde entier. Cela tient au fait que les économies sont fortement interdépendantes, en 1929 comme en 2008. La crise de 1929 a débouché sur une crise des changes, ce n’est pas le cas de celle de 2008.

Transition : les mécanismes à l’origine de la crise des subprimes sont très proches de ceux qui ont donné lieu aux autres crises financières et la propagation de la crise à l’économie réelle emprunte les canaux traditionnels, l’intervention publique a été différente de celle menée, par exemple, en 1929, ses conséquences pourraient être différentes.

II. Un après-crise original ?

A) Une politique ambitieuse qui a tiré les leçons des crises précédentes

- plans de relance

- certaines banques ont été laissées sans intervention : les autorités monétaires ont joué le rôle de prêteur en dernier ressort mais ont aussi lutté contre l’aléa moral

- une coordination internationale se met en place : sommets du G20, rôle des instances supranationales…

B) La question de la dette publique

- montée de la dette publique, notamment dans les pays européens

- la politique keynésienne est remise en cause par cet endettement, le chômage en Europe interroge la pertinence des politiques menées alors que celles menées aux Etats-Unis semblent assez efficaces

- l’exigence d’un désendettement pose la question du type de politiques menées : faut-il mener des politiques keynésiennes et espérer un retour de la croissance ou, au contraire, des politiques de rigueur qui risquent de pénaliser la croissance ? Pour certains économistes, comme Olivier Blanchard, l’inflation peut être une solution pour réduire la charge de la dette

 

C) Vers des changements de grande ampleur ?

- la crise de 1929 a marqué la fin de la domination britannique

- en 2008, les pays émergents ont été assez peu touchés par la crise : la Chine a multiplié les interventions pour venir en aide à plusieurs pays, dont la Grèce

- la crise a peu affecté la croissance des pays africains

- la crise de 2008 a favorisé un retour des interventions de l’Etat dans l’économie, comme l’après-crise de 1929 avait marqué le triomphe des idées keynésiennes

- enfin, l’après-crise, au niveau politique, est à craindre : montée du populisme dans un certain nombre de pays…

 

 

La déflation est-elle l’opposée de l’inflation ?

Introduction :

- Définition et mesure de l’inflation et de la déflation : par définition, la déflation est l’opposée de l’inflation

- Travail sur le sujet : le sujet invite à s’interroger sur les concepts d’inflation et de déflation. Ce sont, par définition, deux situations opposées mais il faut aussi déterminer en quoi on ne peut pas tout à fait les opposer : on peut penser au fait que les deux ont des conséquences négatives, au fait que chacune a des caractéristiques propres et se demander si l’une des deux situations est préférable.

- Problématique : La déflation n’est-elle que l’opposée de l’inflation ? En quoi la déflation et l’inflation sont-elles des situations opposées ? Qu’est-ce qui fait la particularité de l’une ou l’autre de ces situations ? En quoi ont-elles toutes les deux des conséquences négatives ?

 

I. Des situations diamétralement opposées

A) Des phénomènes auto-entretenus

- on peut illustrer les propos par l’épisode de déflation suite à la crise de 1929 et celui d’inflation suite au choc pétrolier de 1973

- l’inflation risque d’alimenter une hausse des coûts et des salaires qui génèrent à leur tour de l’inflation (inflation par les coûts et boucle prix-salaires)

- la déflation est un cercle vicieux : la baisse des prix conduit, via une baisse de l’investissement et des difficultés pour les entreprises, à une baisse de la demande qui alimente la baisse des prix…

- il y a une spirale déflationniste et l’inflation peut conduire à l’hyperinflation. Pour sortir de ces phénomènes auto-entretenus, l’intervention des pouvoirs publics est nécessaire

B) Des effets diamétralement opposés sur les revenus

- l’inflation a des effets positifs pour ceux qui sont endettés à taux fixes car elle diminue le taux d’intérêt réel, la déflation a l’effet inverse

- à l’inverse, l’inflation défavorise les prêteurs

- selon Fisher, il y a un risque de déflation par la dette, qui consiste en une spirale négative entre surendettement et déflation. A l’inverse, l’inflation peut entraîner une « euthanasie des rentiers » selon Keynes

C) Des phénomènes monétaires ou réels ?

- selon la théorie quantitative de la monnaie et son interprétation par Friedman, les variations de prix s’expliquent uniquement par les variations de la masse monétaire. Selon Fisher, ce n’est vrai que tant que la vitesse de circulation et le volume des transactions sont constants, à la fois pour la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale

- l’idée de déflation par la dette n’a pas réellement de contrepartie pour expliquer l’inflation

- un choc d’offre ou de demande peut entraîner l’inflation comme la déflation. Il peut y avoir une inflation importée (notamment quand le prix des importations augmente), c’est le cas également pour la déflation (la déflation au Japon dans les années 1990 a créé des tensions déflationnistes pour ses principaux partenaires commerciaux

 

Transition : dans leur aspect auto-entretenu, dans leurs conséquences sur leurs revenus et, en grande partie, dans leurs causes, l’inflation et la déflation sont bien des situations opposées. Pourtant, on ne peut pas dire que l’une est souhaitable quand l’autre serait à repousser

II. L’inflation et la déflation sont « deux démons » (Keynes)

A) Quel impact sur l’emploi ?

- la déflation a des conséquences négatives sur l’emploi

- l’idée d’un effet positif de l’inflation sur l’emploi a longtemps été avancée, notamment en s’appuyant sur la courbe de Philips. Friedman puis la nouvelle école classique ont remis en cause cette analyse. L’inflation n’a pas d’effet positif à long terme sur l’emploi

- elle peut même avoir des effets négatifs : elle risque d’augmenter les salaires et d’augmenter l’incitation à substituer du capital au travail

B) Des conséquences négatives sur la situation internationale du pays

- l’inflation diminue la compétitivité-prix du pays

- la déflation diminue la production et donc les possibilités d’exportation

- la déflation aggrave l’endettement public, l’inflation peut diminuer la charge de la dette mais rend le financement plus difficile

C) Des situations contre lesquelles il faut lutter, mais pas avec la même vigueur

- la lutte contre l’inflation peut conduire à la déflation (la politique monétaire trop rigoureuse de la banque du Japon a pu expliquer en partie la déflation des années 1990), c’est une crainte qui est réapparue en Europe suite à la crise des subprimes

- à l’inverse, une lutte contre la déflation peut engendrer l’inflation, c’est une critique qui a été faite contre la politique d’Alan Greenspan après la crise du début des années 2000, qui aurait généré des tensions inflationnistes et favorisé la bulle immobilière aux Etats-Unis

- la situation idéale semble être de réussir à mener une politique de désinflation

- aujourd’hui, les autorités monétaires semblent mieux armées pour limiter l’inflation que pour lutter contre la déflation et, dans la situation de crise actuelle, il semble préférable de laisser aller un peu l’inflation plutôt que de risquer la déflation

 

 

Peut-on réguler les marchés financiers ?

Introduction

- les marchés financiers sont des marchés sur lesquels s’échangent des titres financiers : actions, obligations, crédits titrisés…

- Travail sur le sujet : c’est la question de la régulation financière qui est posée. On se demande si cette régulation, c’est-à-dire l’action pour empêcher les crises financières ou pour limiter leur développement, est possible.

- Problématique : Peut-on réguler les marchés financiers ? Est-il possible d’inverser le processus de dérégulation en œuvre depuis les années 1970 ? Les marchés financiers sont-ils par nature difficiles à réguler ? Quels sont les instruments envisagés pour réguler les marchés financiers et pourquoi sont-ils difficiles à mettre en place ?

I. La difficulté de la régulation des marchés financiers s'explique par la très forte dérégulation qu'ils ont connue

A) La dérégulation des marchés financiers depuis les années 70

- dérégulation des marchés des changes, suite à la fin du système de Bretton Woods

- H. Bourguinat met en avant le processus des « 3D » : déréglementation, désintermédiation, décloisonnement des marchés en œuvre à partir des années 1980

- cette dérégulation des marchés se fait au nom de l’efficacité pour le financement de l’activité économique

B) De nombreuses crises financières depuis

- de nombreuses crises bancaires : crise des caisses d’épargne aux Etats-Unis en 1987, crise du crédit subprime. Le manque de régulation de l’activité bancaire est mis en avant pour expliquer ces crises

- crises des changes : la forte volatilité des changes conduit à d’importantes crises : celles du Mexique (1982 et 1994), celle de l’Argentine, celle de l’Asie du sud-est (1997) ou encore les crises européennes (crise du SME en 1992-1993).

- crise des marchés boursiers : subprimes mais aussi crise de 2001 (crise des valeurs des nouvelles technologies suite à une bulle spéculative)

Transition : depuis les années 1970, on a assisté à une forte dérégulation des marchés financiers, la récurrence des crises financières depuis fait penser qu’il faut, en partie, revenir en arrière. Cependant, les marchés financiers sont difficiles à réguler.

II. Les comportements sur les marchés financiers sont difficiles à réguler

A) La rationalité sur les marchés financiers les rend instables

- Keynes et le "concours de beauté" : les comportement sont mimétiques et génèrent des bulles spéculatives

- cette idée est reprise par André Orléan : la rationalité auto-référentielle sur les marchés financiers contredit l’hypothèse de marchés efficients (Eugene Fama)

- Minsky développe, dans les années 1980, l’hypothèse d’un « paradoxe de la tranquillité » selon lequel les marchés financiers sont, par nature instables en raison des risques pris par les agents en période de croissance

B) Une capacité à échapper à la régulation

- l’innovation financière est souvent à l’origine des crises, cela a été le cas en 1929 et en 2008.

- l’autorégulation est insuffisante (le comportement des individus au sein des institutions financières est peu encadré) et, pour la crise de 2008, les agences de notation n’ont pas su estimer correctement les risques.

- lacunes des instances de régulation : Friedman a montré que l’intervention de la Fed après la crise de 1929 a aggravé les choses, les règles de Bâle I puis Bâle II n’ont pas empêché les crises bancaires, pas plus que l’action du FMI n’a empêché les crises de change

 

Transition : Les marchés financiers sont instables et les tentatives de régulation n’ont pas empêché les crises financières. De nouveaux instruments sont pensés pour améliorer l’efficacité de la régulation.

III. La crise de 2008 rend à la fois probable et indispensable la mise en place d'une régulation

A) Vers une plus forte réglementation ?

- la crise des subprimes est aussi une crise de l'autorégulation, il est nécessaire de réglementer les marchés

- les règles de Bâle III imposent de plus fortes contraintes aux banques, la question d’une séparation entre banques de dépôts et banques d’investissement est également posée

- d’importantes discussions ont lieu pour la réglementation des « paradis fiscaux » et, de manière plus générale pour réguler l’innovation financière

- cela pose tout de même la question de l’efficacité de marchés trop réglementés

B) De nouveaux acteurs de la régulation ?

- le G20 participe activement à la régulation. Sa légitimité est parfois discutée, son intervention est le signe d’un retour de l’Etat pour mettre en place une régulation internationale

- l'UE met en place un certain nombre d'instruments : le mécanisme européen de stabilité, la possibilité pour la BCE de financer les déficits… La création d’une agence de notation européenne est discutée

- pour réguler le marché des changes, la mise en place d’un « nouveau Bretton Woods » est parfois avancée, avec une chambre de compensation internationale