Description:

Dossier documentaire et son corrigé

Document 1 : La balance des transactions courantes de la France de 2008 à 2013

 

Questions :
1) Illustrer : biens, revenus primaires, services.
Biens : importations de pétrole, exportations de voitures.
Revenus primaires : salaires versés à un transfrontalier français par une entreprise résidente luxembourgeoise.
Services : prestations touristiques vendues sur le sol français à un résident américain.
2) Un « solde » de quoi s’agit-il ?
C’est la différence entre deux flux. Par exemple pour la balance des biens ou balance commerciale : exportations moins importations.
3) Montrer par un exemple chiffré que les chiffres représentés par la courbe rouge sont la résultante des chiffres représentés en bâtons.
Déficit des biens : environ 50 milliards d’euros en 2008
Déficit des revenus secondaires : environ 30 milliards d’euros
Excédent des revenus primaires : environ 40 milliards d’euros
Excédent des Services : un peu moins de 20 milliards d’euros
Soit un déficit global de 40+20-50-30=-20, 20 milliards d’euros, ce qui est indiqué par la courbe rouge.
4) Caractériser l’évolution du solde des transactions courantes sur ce graphe.
Son déficit se poursuit mais tend à se tasser sur un point bas.
5) Proposer des explications.
Il faut toujours commenter un solde partiel avec précaution. Certes les déficits, biens et revenus secondaires se sont réduits, mais cela correspond à des volumes impliqués inférieurs. Il y a une explication positive du côté des biens : la facture énergétique, avec un effet de la baisse des prix comme un effet « volume » associé à la douceur du climat. Mais il y a aussi les restrictions de la demande intérieure qui rejaillissent sur les importations de manière défavorable. Autre côté négatif, l’excédent des services s’est réduit en 2013, le tourisme l’expliquant en particulier.
6) L’évolution montrée entre 2012 et 2013 est-elle favorable ? Discuter.
Favorable car il ya une baisse du déficit. Défavorable car elle est associée à une restriction sur les volumes.
7) Quel lien existe-t-il entre les comptes de la comptabilité nationale et la balance des transactions courantes ?
Le déficit courant montre un excès de dépenses sur les recettes liées aux importations non compensé par des revenus excédentaires de l’étranger : il y a un besoin de financement de la nation, une insuffisance de l’épargne sur l’investissement.
 
Document 2 : La position extérieure nette de la France de 2008 à 2013
Différencier : investissements directs, investissements de portefeuille, autres investissements.
Questions :
1)Quelle est la différence entre ces données et celles du compte financier de la France ?
2) Quels liens existe-t-il entre position extérieure, compte financier et compte des transactions courantes ?
3)Quelles évolutions peut-on noter entre 2012 et 2013 ? Proposer des explications.
 
 
Document 3 : La structure de la balance française des paiements (en proportion du total des flux, %)
 
1) Définir et illustrer les intitulés des colonnes.
2) Le total en ligne des trois proportions données ne fait pas 100%, pourquoi ?
3) Quelle évolution est observable grâce à ses statistiques ? Comment peut-on l’expliquer ?
 
 
Document 4 : Une histoire brève de la balance commerciale française
 
Premier mouvement enregistré dans la balance des paiements, les exportations et importations de marchandises ont une importance économique essentielle, d'autant plus grande qu'elles sont immédiatement perceptibles, à la différence des opérations immatérielles, sur services ou sur capitaux. D'ailleurs, de la théorie mercantiliste du XVIIème siècle aux descriptions contemporaines des « miracles » alle­mand ou japonais, l'habitude s'est prise d'assimiler dynamisme commercial et puissance économique.
[…] Or, du dernier tiers du XIXème siècle à nos jours, le déficit commercial est de tradition en France. Sa signification diffère cependant d'une période à l'autre. Avant 1914, il était un symptôme de maturité économique car la France, à l'instar du Royaume-Uni, vivait des ressources de son Empire colonial et des revenus de ses placements extérieurs. Il devint ensuite facteur d'affaiblissement lorsque son financement fut rendu difficile par l'amenuisement du revenu des placements à l'étranger et la faiblesse des rentrées de devises au titre du commerce maritime ou du tourisme. Surtout, le déficit commercial témoignait de l'incapacité d'adaptation des entreprises industrielles à la compétition internationale, de l'insuffisante valorisation du potentiel agricole, malgré les barrières douanières héritées de Méline.
En décembre 1958, en ouvrant l'économie sur le reste du monde, les dirigeants ont manifesté qu'à leurs yeux le déficit n'était pas une fatalité. Leur pari sembla d'abord près d'être gagné. En quinze ans, de 1959 à 1973, la balance commerciale fut excédentaire dix fois. Pourtant, depuis 1974, le déficit s'est installé à nouveau. Les années qui y échappent correspondent souvent à des performances peu significatives, soit qu'un recul soudain des prix du pétrole ait allégé la facture énergétique, comme en 1986, soit qu'une diminution de la production industrielle ait automatiquement comprimé les besoins en matières premières et biens d'équipement importés, comme en 1975 et en 1992-1993. Finalement seuls paraissent être véritablement dus au dynamisme des exportations les excédents réalisés en 1978 et depuis 1994.
 
Source : Jean-François Eck, Histoire de l’économie française depuis 1945, Cursus, Armand Colin, 2000.
Questions :
 
1) Placer le déficit commercial parmi les grandes masses de la balance des paiements.
Il s’agit du solde d’une partie de la balance courante : différence entre les flux de biens uniquement.
2) Le déficit commercial actuel de la France est-il inédit ? Justifier sa réponse.
Non au contraire, l’auteur affirme qu’il est davantage la règle que l’exception. Les exceptions d’excédents sont 1959-1973, 1986, 1992-93. Les derniers cas sont le fait du contrechoc pétrolier ou de la demande intérieure déprimée caractéristique d’une période de dépression (1993).
3 ) Expliquer, justifier la phrase en caractères gras.
Un déficit peut être interprété de plusieurs manières : il est parfois même une bonne chose. Avant 1914, il résulte d’un commerce dynamique avec les colonies, la force donc de l’empire. Ensuite, il est plutôt une faiblesse (entre deux guerres) car il est le fruit d’une compétitivité en berne, d’une insuffisante adaptation de l’industrie française.
Le déficit récent (après des années plus fastes d’excédents, mais pas tous signes de compétitivité) a une part structurelle. Il résulte de la dépendance énergétique et aux matières premières. Il y a une part conjoncturelle également, la difficulté de gagner en compétitivité. Attention donc à l’interprétation, indépendante en particulier des volumes.
 
Document 5 : les déséquilibres mondiaux
Questions :
 
1) Quels sont les échanges inclus dans la balance courante ? Donner une estimation du montant de son solde pour les Etats-Unis en 2010.
Les échanges de biens, services, revenus et transferts courants.
Le montant du déficit courant américain en 2010 est de l’ordre de -400 milliards de dollars.
2) Quelle est l’impression générale dégagée par les évolutions montrées par ce graphe ?
Celle d’une aggravation des déficits ou des excédents et donc des déséquilibres. C’est à la fois la conséquence et la manifestation de la « globalisation financière ».
3) Peut-on affirmer que les pays développés « financent » le développement ? justifier sa réponse. Expliquer ce paradoxe.
Non, au contraire : les PED et émergents sont en situation excédentaire depuis 2000, même si cet excédent se réduit ces dernières années. A l’inverse, les économies avancées et en particulier les Etats-Unis sont en déficit ces mêmes années, exception faite en particulier du Japon et de l’Allemagne. En effet, les pays émergents, par le commerce extérieur de produits manufacturés ou les matières premières, accumulent des excédents qui leur permettent de financer les déficits de pays avancés souvent en mal d’épargne (comme les Etats-Unis) et bénéficiant d’une consommation intérieure dynamique.
4) Comparer la situation de l’Allemagne, du Japon, des Etats-Unis, des pays avancés, des pays émergents sur ce graphe.
Allemagne et Japon sont des exceptions, grâce à une demande extérieure dynamique. L’ensemble des économies avancées bénéficie de ces excédents. Les Etats-Unis sont en déficit croissant jusqu’après 2007. La demande intérieure américaine forte n’est pas compensée par une épargne suffisante de la part des résidents. Les économies avancées quant à elles, grâce à une compétitivité prix notamment, élevée, accumulent des excédents.
5) Quels liens peut-on établir entre déséquilibres internationaux et mondialisation financière ?
Les déséquilibres sont, entre autres, permis par la globalisation : celle-ci permet des mouvements financiers plus rapides, simples, attractifs entre pays excédentaires et déficitaires. Ces déséquilibres sont aussi une manifestation de cette globalisation : les financements sont de plus en plus hors des frontières.
6) Quels impacts attendus sur les monnaies des pays montrés ?
On pourrait s’attendre à une appréciation des monnaies émergentes du fait des excédents, de même pour le yen ou le DM (quand il existe encore). Le dollar devrait, quant à lui se déprécier. Mais c’est compter sans son « privilège exorbitant ». C’est la monnaie de réserve par excellence, ce qui conduit à le rendre toujours désirable comme monnaie de la première économie du monde, comme première monnaie d’émission, ou encore comme monnaie de certains échanges internationaux importants (matières premières). Par ailleurs, les monnaies émergents ne sont pas des monnaies internationales à part entière et suscitent de la méfiance. Le mark quant à lui s’est apprécié comme attendu, jusqu’au passage à l’euro. Le Yen également, même si les transactions qui le concernent sont beaucoup moins importantes que celles en euro ou en dollar aujourd’hui.
 
 
 
Document  6 : Les volumes échangés sur le marché des changes, par instrument (moyennes journalières, en avril de chaque année)
Spot : échanges au comptant
Outright forwards : échanges à terme
Autres : produits dérivés : swaps et options
 
Questions :
1) Donner une estimation du montant moyen des transactions sur le marché des changes en 2001 et en 2013.
Environ 1300 milliards en 2001 (en moyenne jour), plus de 5000 milliards en 2013
2) Quels sont les usages des transactions de change montrées par ces différents outils ?
Les transactions au comptant correspondent en particulier aux paiements des achats et ventes de biens, services, titres …. Les transactions à terme relèvent au moins de deux logiques : la couverture contre le risque de change,  la spéculation sur des produits de change. Idem pour les produits dérivés.
3) Quelles sont les évolutions remarquables montrées par ces graphes ?
Tout d’abord on peut constater la forte croissance des échanges, malgré la crise financière (presque une multiplication par 5) et de façon plus soutenue que les échanges de biens et services. Cette croissance concerne en particulier transactions à terme et produits dérivés.
Si l’on observe les grandes proportions montrées par les diagrammes circulaires, on peut noter que la part des transactions au comptant se réduit au profit des autres transactions.
4) Que peut-il en résulter ?
Les transactions sur les monnaies sont le reflet de l’évolution des échanges internationaux, réels comme financiers. Les monnaies sont aussi un actif comme un autre, objet donc de placement/spéculation, en particulier les grandes monnaies internationales. Il y a donc arbitrage entre différents actifs, dont les monnaies : les faibles rendements sur certains titres peuvent conduire à privilégier la détention de devises. Les transactions sur les monnaies se développent ainsi, au delà même des autres échanges. Il peut en résulter une volatilité des cours des grandes monnaies internationales. Cette volatilité nuit à la projection dans le temps des agents économiques. Ils se couvrent contre le risque de change. D’autres spéculent. Bref, cette volatilité s’auto entretient. Cela peut conduire à la formation de bulles.
 
Document 7 :
Questions :
 
1) Quelle est la définition du taux de change réel ?
Le taux de change réel est le taux de change nominal multiplié par le rapport entre le niveau général des prix national et celui de l’étranger. 
2) Quelle relation peut exister entre différentiel de taux d’intérêt et taux de change, pourquoi ?
L’idée, présente dans le mécanisme de parité des taux d’intérêt, est que les capitaux se placent là où ils sont le mieux rémunérés. Il y a alors échange de devises pour concrétiser ce placement (ici mark contre dollar), jusqu’à atteindre le pair des taux d’intérêt.
3) Cette relation apparaît-elle significative au vu de ce graphe ?
Dans la première moitié des années 1980, les taux d’intérêt américains sont élevés (le différenciel en vert se réduit jusqu’à devenir de plus en plus négatif) (policy mix incluant la désinflation Volcker). Le dollar, très attractif pour les capitaux étrangers s’apprécie alors (baisse de l’inverse du taux de change). Cette relation correspond à la première partie des deux courbes, étroitement imbriquées.
Dans la seconde moitié, des années 1980, la politique américaine est moins restrictive qu’en Allemagne, le différentiel change de signe. Les capitaux se placent plus volontiers en marks. Là aussi, les courbes montrent des évolutions conjointes.
 
Document 8 : euro fort, euro faible ?
 
Le thème de l'euro fort est un refrain bien connu dans les débats économiques français l'expression «euro fort» recueille 6,5 millions d’entrées sur Google, tandis que l’expression, « euro faible » n'en récolte que 145 000. Le contraste est saisissant avec le débat en Allemagne, où l’euro fort est loin de constituer un leitmotiv : l'expression « stark euro » ne recueille que 1,4 millions d entrées (« schwach euro » en recueillant 764 000). D'où vient cette différence de perception ?
Une façon d'expliquer les différences de sensibilité sur le taux de change de part et d'autre du Rhin a trait aux performances des deux pays à l'exportation : la part de marché mondiale de la France a fondu de 44% entre 1999 et 2013, tandis que celle de l'Allemagne ne diminuait que de 18 %. Pour Patrick Artus et Lionel Fontagné, néanmoins, la différence de performance enregistrée entre les deux pays ne tient pas principalement à une sensibilité différente au taux de change de l’euro (et en particulier à son appréciation tendancielle dans les années 2000), mais plutôt à une moindre réactivité des exportations françaises à la demande internationale.
Une autre manière de comprendre les différences de perception entre les deux pays par rapport à la question du taux de change a trait à la culture monétaire et à la préférence plus marquée en Allemagne qu'en France pour une inflation faible. L’euro fort y est perçu comme un rempart contre l'inflation, et de toute façon, le taux de change est le résultat d'une politique monétaire menée par une banque centrale indépendante dont le mandat principal est la stabilité des prix.
Le taux de change nominal d’une monnaie détermine, a un moment donné, le prix relatif des biens et services produits dans ce pays, ainsi que la valeur relative des richesses accumulées dans les différentes monnaies. Une dépréciation nominale de la monnaie améliore transitoirement la compétitivité des exportateurs, lesquels peuvent, dans des proportions variables selon les secteurs, relever leurs marges ou gagner des parts de marché. Toutefois, les exportations de la France hors zone euro - les seules directement affectées par une dépréciation de l’euro - ne représentent que 11% du PIB français : La baisse de l'euro ne peut être la réponse unique à notre déficit de compétitivité.
Parallèlement, il ne faut pas négliger l'impact cette fois négatif d'une dépréciation de la monnaie sur le pouvoir d'achat des ménages, et donc sur leur capacité à consommer des biens et des services. En renchérissant les biens importés, notamment ceux dont les ménages peuvent difficilement réduire leur consommation à court terme (essence), la dépréciation les amène à couper dans des dépenses de services locaux tels que les loisirs ou les services à la personne. Ainsi, la dépréciation entraîne deux types de transferts : des entreprises importatrices nettes (par exemple, le secteur des télécommunications) vers les entreprises exportatrices nettes (par exemple, l'aéronautique), et des ménages vers les entreprises exportatrices. Enfin, une dépréciation du taux de change revalorise les actifs et les dettes en monnaies étrangères par rapport aux actifs et dettes en monnaie nationale. La France a, dans son ensemble, davantage d'actifs que de dettes en monnaies étrangères. Fin 2012, par exemple, l'actif brut de la France était de 5 829 milliards d'euros, pour un passif brut de 6259 milliards d'euros. Nos calculs indiquent une position nette approximative de 306 milliards d'euros investie en dollars et de 247 milliards en livres sterling. Dans ces conditions, une appréciation du dollar de 10% par rapport à l'euro entraînerait un gain en capital d'environ 1,5 % du PIB, tandis qu'une appréciation équivalente de la livre sterling entraînerait un gain d'environ 1,2% du PIB.
 
Source : Agnès Benassy-Quéré, Pierre-Olivier Gourinchas, Philippe Martin et Guillaume Plantin, « L'euro dans la « guerre des monnaies »», Note du Conseil d'analyse économique, n° 11, janvier 2014.
 
Questions :
 
1) Quels sont les avantages et les inconvénients présentés ici d’une monnaie forte ? d’une monnaie faible ?
Une monnaie forte peut être définie comme une monnaie désirée, qui a tendance à s’apprécier. A l’inverse une monnaie faible est rejetée, donc a tendance à se déprécier.
L’avantage d’une monnaie forte : un « rempart contre l’inflation » car elle permet de bénéficier de prix d’importations favorables (constants ou en baisse).
L’inconvénient : Cela peut nuire à la compétitivité prix des exportations, mais uniquement libellées dans une autre monnaie (donc pas la zone euro).
Autre conséquence : dévalorisation des dettes libellées en monnaie étrangères par rapport à la monnaie locale. Effet à déterminer en fonction de la composition de la dette nationale.
L’avantage d’une monnaie faible : voir inconvénient d’une monnaie forte. Ce gain de compétitivité peut permettre de gagner des parts de marché ou, s’il reste potentiel, il  peut servir aussi à restaurer les marges.
Les inconvénients d’une monnaie faible : renchérissement des biens importés (et donc possibilité d’inflation) en particulier des biens « contraints ». Le budget des ménages va dans se cas se recomposer et entrainer la baisse de certaines autres consommations.
Autre conséquence : revalorisation des dettes libellées en monnaie étrangère, par rapport à celles libellées en monnaie locale. Effet à déterminer.
Au total, il faut examiner la composition des échanges du pays pour être capable de trancher dans un sens ou l’autre.
2) Quels sont les raisons données à la différence de perception entre la France et l’Allemagne sur la force de l’euro ?
Une raison culturelle en premier lieu : la monnaie forte est la conséquence d’une politique jugée légitime et indépendante, de lutte contre l’inflation.
Une raison économique : les produits allemands sont plus orientés vers la compétitivité hors prix, donc moins impactés par le taux de change.
3) Les craintes françaises concernant l’euro fort sont-elles légitimes ? Justifier sa réponse.
Seulement en partie : Oui, les produits exportés sont plus orientés compétitivité –prix (moyenne gamme), mais les transactions sont majoritairement avec des partenaires de la zone-euro, et la France bénéficie aussi de prix d’importations contraintes plus attractifs. Idem pour l’effet sur la dette qui est avant tout positif pour la France.
 
Document 9 : les atouts d’une monnaie unique
 
Selon ses partisans, l'adoption d'une monnaie unique présente de nombreux avantages.
Une analyse en termes coûts-avantages a été effectuée par le Rapport Emerson (M. Emerson et alii, Marché unique, monnaie unique, Commission européenne), publié en octobre 1990.
Les coûts associés à la monnaie unique
• La disparition de l'instrument de régulation conjoncturelle que constitue le taux de change. En effet, la dévaluation de la monnaie permet d'obtenir des gains de compétitivité: il existe donc un risque d'ajustement par les variables réelles.
• Perte d'autonomie des politiques économiques.
• Extinction des recettes de seigneuriage, ce terme désignant le pouvoir détenu par un État de financer son déficit budgétaire par l'émission de monnaie (avances de la banque centrale).
• Risque d'instabilité au moment de la transition.
Les avantages de la monnaie unique
• Elle permet de supprimer les coûts de transaction résultant de la conversion des monnaies: selon les calculs de Commission, les coûts de transaction représentent chaque année entre 0,3 et 0,4 % du PIB total des pays de la CEE, soit 90 à 130 milliards de francs (13,7 à 19,8 milliards d'euros)
• Elle élimine toute incertitude sur l'évolution du taux change: il n'est plus besoin de se couvrir contre la volatilité des taux de change entre pays européens. Cela étant, la monnaie unique ne résout pas la question de la volatilité des monnaies européennes par rapport au dollar et au yen.
• Elle permet de supprimer les primes de risque incorporées dans les taux d'intérêt des pays à monnaie faible, ce qui devrait se traduire par une détente des taux d'intérêt favorable à la reprise de l'investissement.
• Elle permet de faire de l'euro une monnaie internationale et, compte tenu du poids économique de l'UE, contribuer à un nouvel équilibre monétaire international
• Elle doit conduire à la disparition de l'asymétrie en faveur de l'Allemagne: la BCE, qui remplace le pouvoir de fait de Bundesbank, doit prendre en considération les problèmes l'ensemble des pays de l'UE. La structure démocratique l'UEM implique, en principe, une répartition du pouvoir telle que tous les membres aient un droit de vote: un véritable partage du pouvoir monétaire doit en résulter.
• Elle évite l'inflation importée engendrée par les dévaluations et oblige les pays à s'aligner sur le taux d'inflation le p bas.
 
Source : Arcangelo Figliuzzi, L’économie européenne, Thèmes et Débats, Bréal, 2008, p 78-79.
 
Questions :
 
1) Quelles sont les différences entre système de changes fixes et monnaie unique ?
Dans un cas il y a une seule monnaie, dans l’autre persistance des monnaies nationales, avec parité fixée, révocable ou non. Les transactions entre devises subsistent, de même qu’une partie des fluctuations sur les taux de change.
2) Parmi les coûts cités, lesquels existent en cas de système de changes fixes ? Justifier sa réponse.
Les coûts 2 et 3, ainsi que le premier coût cité, en cas de parités fixes mais ajustables. D’après le triangle de Mundell, il y a perte d’autonomie de la politique monétaire en cas de mobilité des capitaux. Si les parités sont irrévocablement fixes, perte aussi de l’instrument de la dévaluation.
3) Même question pour les avantages cités ici.
Seulement les avantages 2 et 3 (même si une incertitude peut subsister).  Egalement 6, en cas de parités irrévocablement fixes.
 
Document 10 : Le plaidoyer de Milton Friedman en faveur des changes flottants
 
« [...] Un système de change fluctuant élimine complètement le problème de la balance des paiements — exactement de la même manière que sur un marché libre il ne peut y avoir de pénurie ou d'excédent, dans la mesure où les vendeurs agressifs sont dans l'incapacité de trouver des acheteurs, et inversement. Le prix peut connaître des fluctuations, mais ne peut entraîner de pénurie ou d'excédent suffisamment fort pour provoquer une crise des échanges extérieurs. Les taux de change fluctuants mettraient fin aux graves problèmes qui exigent que les secrétaires d'État au Trésor et les gouverneurs se réunissent de plus en plus souvent, pour tenter de mettre sur pied des réformes radicales. Ils mettraient également un terme aux crises accidentelles qui obligent les hauts fonctionnaires à courir frénétiquement d'une capitale à l'autre, aux appels téléphoniques au milieu de la nuit entre les banques centrales qui, pour soutenir leurs monnaies respectives, sont condamnées à aligner les prêts.»
 
            Source : Milton Friedman, Inflation et systèmes monétaires, Calmann-Levy, 1976.
 
Questions :
 
1) Le problème de la balance des paiements : de quoi s’agit-il ? A quels événements en particulier cet auteur peut-il faire référence ?
L’auteur fait référence à la montée des déficits jumeaux (courant, public) aux Etats-Unis dans les années qui ont précédé cet écrit. Ces déficits ont été à l’origine de la faillite du système de Bretton Woods consacrant le « déficit sans pleurs » américain.
2 )Expliquer le mécanisme sous-jacent.
Plus le décalage entre exportations et importations est grand plus le dollar se déprécie. A l’inverse, les pays excédentaires voient leur monnaie s’apprécier, ce qui remet en cause leur parité fixe en dollars ainsi que la valeur or du dollar, soient, les deux pilliers du système de Bretton Woods.
3) De quel prix (en caractères gras) s’agit-il? En quoi peuvent consister ces réformes radicales ?
Il s’agit du taux de change, prix d’une monnaie dans une autre monnaie. Les réformes radicales sont celles qui ont suivi la relise en cause de Bretton Woods, en particulier, après l’échec des tentatives de replâtrage, l’abandon de l’or. En 1976, les accords de Kingston consacrent le flottement.
4) Expliquer le dernier inconvénient des changes fixes cité dans cet extrait.
Un système de parités fixes conduit les banques centrales à acheter ou vendre de leur devis contre d’autres monnaies pour « défendre » leur parité. Elles jouent donc sur leurs réserves de change, qui parfois ne sont pas suffisantes. Ils faut alors que les banques centrales des différents pays coopèrent.
 
Document 11 : Du taux de change fixe à la parité à crémaillère
 
De 1997 à 2005, le taux de change du yuan chinois a été pratiquement constant par rapport au dollar américain, le yuan s'échangeant à 8,28 yuan par dollar américain. Cette constance tient au fait que la banque centrale de Chine, la Banque du Peuple, pratiquait un régime de change fixe et intervenait sur le marché des changes. Depuis 2005, le yuan s'est légèrement apprécié, mais on ne l'a pas laissé flotter librement puisque la Banque du Peuple a opté pour un régime de parité à crémaillère.
La conséquence immédiate du taux de change fixe (et de parité à crémaillère) du yuan est que, depuis 2000, la Chine a accumulé d'immenses réserves de dollars américains. Au milieu de 2006, les réserves officielles de devises étrangères de la Chine totalisaient presque 1 trillion $; à la fin de 2007, elles avaient grimpé à presque 2 trillions $!
[…] les réserves officielles de devises étrangères de la Chine se sont accrues de 200 G$ en 2004 et 2005, d'un peu plus de 200 G$ en 2006, et de 460 G$ en 2007.
[…]
En intervenant sur le marché des changes pour acheter des dollars américains, la Banque du Peuple a fait remonter le taux de change du yuan jusqu'à son taux cible de 7 yuan par dollar américain. Mais, ce faisant, elle a dû accumuler des dollars américains. Pour maintenir le taux de change à 7 yuan par dollar, la Banque du Peuple a acheté 460 G$ en 2007.
Si la Banque du Peuple arrêtait d'acheter des dollars américains, le dollar américain se déprécierait, le yuan s'apprécierait, et la Chine cesserait d'accumuler des réserves de dollars américains.
Pourquoi la Chine gère-t-elle son taux de change? La réponse courante à cette question est que la Chine gère son taux de change pour maintenir le bas prix de ses exportations et les rendre ainsi plus concurrentielles sur les marchés mondiaux. Comme on l'a vu, cette réponse est exacte à court terme. Compte tenu du niveau des prix en Chine et dans le reste du monde, le faible taux de change du yuan par rapport au dollar américain fait baisser le prix en dollars américains des exportations chinoises. Cependant, le taux de change du yuan par rapport au dollar américain a été fixe pendant presque 10 ans, et le taux de parité à crémaillère depuis, ce qui a des effets non plus à court terme, mais à long terme. Or, à long terme, le taux de change n’a aucun effet sur la compétitivité parce que le prix finit par s’ajuster pour tenir compte du taux de change, et que le taux de change nominal n’influe pas sur le taux de change réel.
Alors pourquoi la Chine gère-t-elle son taux de change ? la réponse la plus plausible est que la Chine utilise le taux de change fixe (ou de parité à crémaillère) comme moyen de maîtriser son taux d’inflation. En maintenant le yuan à la traine du dollar américain, la Chine assujettit son taux d’inflation à celui des Etats-Unis et s’assure qu’il ne s’en écartera pas trop.
 
Source : Michael Parkin, Robin Bade, Benoît Carmichael, Introduction à la macroéconomie moderne, 4ème édition, ERPI, Editions du renouveau pédagogique, 2011.
 
Questions :
 
1) Le yuan est-il une monnaie internationale ? Justifier sa réponse.
Non, en effet, il subsiste un important contrôle des changes (limitation des acquisitions et ventes de Yuan). Par ailleurs, les autorités chinoisent manipulent leur taux de change en vendant et achetant de leur monnaie.
2) Expliquer ce qu’on entend par régime de « parité à crémaillère ».
Il s’agit d’une forme de parité fixe (yuan/dollar) ajustable.au fil de l’eau, en fonction des fluctuations de la monnaie.
3) Comment la Banque du Peuple maintient-elle un certain taux de change du yuan ?
Elle achète ou vend des réserves de change, en l’occurrence ici achète du dollar., ce qui maintient un yuan faible « à la traine du dollar ».
Ses réserves de change ont ainsi particulièrement augmenté.
4) Quelles sont les raisons qui peuvent la pousser à une telle politique ? Quel en est l’impact ?
La première réponse serait le gain de compétitivité engendré sur les produits chinois. Mais cette réponse ne vaudrait que sur le court terme. A long terme, il s’agit de lutter contre l’inflation par une parité à peu près fixe, qui assujettit l’inflation chinoise à l’inflation américaine.
 
Document 12 : L’étalon-or
 
Comme nous l'avons vu, «argent» est synonyme de monnaie et c'est ce métal qui a été le plus largement utilisé pour la frappe des monnaies. Mais, à partir du début du XIXème siècle, l'or commence à tenir un rôle croissant dans le système monétaire, avec la décision, en 1821, de l'Angleterre d'adopter l'étalon or, c'est-à-dire de gager la valeur de sa monnaie uniquement sur l'or. La fixation de la valeur-or de la livre avait déjà été faite un siècle auparavant : en 1717.
(…)
Les principes du Gold Standard, qui fut donc introduit pour la première fois en Angleterre en 1821, sont les suivants: possibilité de convertir l'or métal en or monnaie sur des bases identiques; possibilité d'échanger le papier-monnaie contre de l'or; liberté d'importer et d'exporter de l'or monnaie, de l'or métal et des devises. Même limitée pendant quelques décennies à la seule Angleterre, cette adoption a des conséquences internationales importantes vu le rôle dominant joué par ce pays à la fois dans le commerce international, les finances et la production.
(…)
Après la décision anglaise de 1821, l'argent continue à être utilisé dans beaucoup de pays qui gardent soit un système de monnaie basé uniquement sur l'argent, soit un système bimétallique.
(…)
Le bimétallisme ne comportait pas d'inconvénients significatifs, aussi longtemps que le rapport existant entre la valeur de l'argent et la valeur de l'or demeurait relativement stable. Cette stabilité relative dura jusqu'au milieu du XIXème siècle, autour du ratio avoisinant 1 à 15. Ce ratio d'ailleurs n'est valable en Occident qu'à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Au début du XVIIe siècle, il était de l'ordre de 11,5 et au début du XVIe siècle un peu inférieur à 11. (…)
Mais revenons au XIXème siècle, où les découvertes de mines d'or et d'argent, dont l'ampleur est différente pour ces deux minerais, et surtout la découverte en 1861 d'un procédé d'extraction plus efficace de l'argent du minerai vont amener un bouleversement considérable dans le ratio du prix de ces deux métaux. Très rapidement, entre 1857-1860 et 1902-1903 (qui constitue un sommet de l'avant-première guerre mondiale), on va passer d'un ratio de 1 à 15,3 à un ratio de 1 à 38,6. En fait, le phénomène s'accélère surtout après 1875: pour 1873-1875 il s'agit encore de 1 à 16,2, ce qui, néanmoins, était déjà d'un niveau sans précédent historique; mais en 1885-1888 on atteint 21,3. Après un palier très court, l'ascension reprend en 1891.
Or, en raison de ce bouleversement historique du rapport entre la valeur de ces deux métaux précieux, progressivement entre les années 1853 et 1900, pratiquement tous les pays abandonnèrent le bimétallisme et sont passés à l'étalon or. Le premier à l'avoir implicitement fait, donc à avoir suivi l'Angleterre, fut les États-Unis en 1853; mais, comme nous le verrons, ce ne fut qu'une demi-mesure. Le Portugal, explicitement, suivit en 1854. L'étape importante suivante fut celle marquée par le passage à l'étalon or de l'Allemagne, du Danemark et de la Suède en 1873. Ces trois pays furent suivis par les pays de l'Union Moné­taire Latine (c'est-à-dire alors la Belgique, la France, l'Italie, la Grèce et la Suisse). (…)
Les Pays Bas le firent en 1875. En Europe, les deux grands empires, l'Autriche-Hongrie et la Russie, furent très tardifs: respectivement 1892 et 1897. Cela leur causa évidemment des problèmes de change entraînant des dévaluations de leurs monnaies.
Les États-Unis, qui avaient donc rencontré des problèmes de parité or-argent, traversèrent un longue période assez troublée. La décision de 1834 (ratio amené à 1 à 16) entraîna la fuite de pièces en argent. Et une série de mesures fut prise, notamment en 1853 et 1873, satisfaisant tour à tour les partisans et les adversaires de la monnaie d'argent. Ce n'est qu'en 1900 que le vote du Gold Standard Act fit abandonner le bimétallisme ; et le dollar ne fut plus défini que par rapport à l'or, et ce au niveau défini en 1834, soit 1,505 g d'or fin. (…)
En dehors d'Europe, les États-Unis avaient été précédés, notamment par l'Inde en 1893 et le Japon en 1897. On peut considérer que le tout début du XXème siècle marque la fin de l'argent en tant qu'étalon monétaire. Mais le règne absolu de l'or ne durera que quelques décennies, puisque le Gold Standard ne survivra pas à la Première Guerre mondiale, et que le Gold Exchange Standard aura une durée de vie très brève.
 
Source : Paul Bairoch, Victoires et Déboires, volume II, Folio Histoire, p 342 sqq.
 
Quetsions :
 
1) Quelles sont les caractéristiques essentielles du système d’étalon-or ? Ce système est-il séculaire ?
Possibilité de convertir l’or métal en or monnaie
Possibilité de convertir le papier monnaie en or
Liberté d’importer et d’exporter or monnaie, or métal, devises.
2) Justifier la phrase en caractères gras.
Le bimétallisme implique un lien fixe entre or/argent (conversion de l’un dans l’autre). Si ce lien est modifié (baisse ou hausse de la valeur relative de l’un par rapport à l’autre du fait de découvertes d’argent cf texte) il y a aura thésaurisation du métal apprécié, et circulation de l’autre, ce qui perturbe les transactions.
3) Pourquoi Paul Bairoch affirme-t-il que les Etats-Unis n’ont adopté en 1853 qu’une « demi-mesure » ?
Parce qu’ils ont tenté, par le réajustement de la parité argent/or, de conserver le système. Cela n’a pas pu durer : C’est en 1900 que le Gold Standard Act consacre l’abandon du bimétallisme.
4) Expliquer l’affirmation soulignée dans le texte.
La 1ère guerre mondiale voit les pays étranglés par l’économie de guerre abandonner peu à peu leur parité or, proclamant le cours forcé de leur monnaie.
Quelle est la différence entre Gold Standard et Gold Exchange Standard ?
Le système de Gêne est un exemple du second. Une monnaie ou quelques une seulement sont convertibles en or. Les autres monnaies sont convertibles en cette monnaie.
 
Document 13 : Le retour de la Grande-Bretagne à l'étalon or : Keynes contre Churchill
 
En 1925, la Grande-Bretagne décide de revenir à l'étalon or.  […]
L'étalon or avait fonctionné de 1870 jusqu'à la Première Guerre mondiale. En raison de la nécessité de financer la guerre, et de le faire en partie grâce à la création de monnaie, la Grande-Bretagne suspendit l'étalon or en 1914. En 1925, Winston Churchill, alors chancelier de l'Échiquier (l'équivalent du ministre des Finances ou du secrétaire au Trésor), décida le retour à l'étalon or, et ce à la parité d'avant la guerre, c'est-à-dire à la valeur d'avant la guerre de la livre en termes d'or. Mais parce que les prix anglais avaient augmenté plus vite que ceux de ses partenaires commerciaux, revenir à la parité d'avant la guerre impliquait une importante appréciation réelle : au même taux de change nominal qu'avant guerre, les biens britanniques étaient maintenant relativement plus chers que les biens étrangers.
Keynes critiqua sévèrement cette décision. Dans Les Conséquences économiques de M. Churchill, un livre publié en 1925 (après avoir critiqué les décisions du traité de Versailles dans Les Conséquences économiques de la guerre), Keynes argumentait comme suit : si la Grande-Bretagne devait revenir à l'étalon or, il fallait le faire à un prix de l'or en termes de livres plus élevé, c'est-à-dire à un taux de change nominal supérieur à celui d'avant la guerre. Dans un article, il articulait ainsi ses idées:
« Il reste, cependant, une objection à laquelle je n'ai jamais cessé d'attacher de l'im- portance, contre le retour à l'étalon or dans les conditions actuelles, étant donné les conséquences possibles sur le niveau de commerce et le chômage. Je crois que le niveau des prix britanniques est trop élevé, si la livre doit être convertible en or, par rapport aux prix étrangers en or; et si nous considérons le prix des articles qui ne sont pas sujets au commerce international, et des services, c'est-à-dire les salaires, nous voyons qu'ils sont substantiellement trop élevés - d'au moins 5 %, et probablement de 10 %. Ainsi, à moins que la situation ne s'arrange du fait d'une augmentation du niveau des prix à l'étranger, le Chancelier nous oblige à une politique où on force les salaires à baisser, de peut-être deux shillings par livre.
Je ne crois pas que ceci puisse être réalisé sans grands dangers pour les profits industriels et la paix sociale. Il serait certainement préférable de laisser la valeur de la livre en or telle qu'elle était il y a quelques mois que de s'engager dans une lutte avec chaque syndicat du pays pour réduire les salaires. Il semble plus sage, plus simple et plus sain de laisser notre devise trouver son juste niveau par rapport à l’or, plutôt que d'imposer une situation où les employeurs n'ont d'autre choix que de fermer leur établissement ou de baisser les salaires, quel qu'en soit le coût. »
[…] La prédiction de Keynes s'est réalisée. Alors que les autres pays étaient en croissance soutenue, la Grande-Bretagne fut en récession pendant le reste de la décennie. La plupart des historiens économistes attribuent une large part de la surévaluation initiale.
Source: The Nation and Athenaeum, 2 mai 1925.
 
                Source : Olivier Blanchard et Daniel Cohen, Macroéconomie, 5ème édition, Pearson, 2010.
 
Questions :
 
1) Pourquoi la parité-or de la livre d’avant guerre n’est-elle plus adéquate ? A quel déterminant du taux de change cette relation fait-elle référence ?
Parce qu’elle n’est plus le reflet de l’évolution de son pouvoir d’achat, du fait d’une évolution différenciée des prix entre l’Angleterre et ses partenaires commerciaux. (Les prix anglais ont augmenté plus vite) (Analyse en termes de PPA relative du taux de change)
2) Ce choix d’une monnaie artificiellement forte est-il bénéfique ? porteur d’effets pervers ? Justifier sa réponse.
La parité d’avant guerre est symbolique, elle est celle de la livre comme devise clef durant la « première mondialisation » et en particulier de la puissance financière anglaise. Cette monnaie est alors attractive par excellence.
Le maintient artificiel de sa parité oblige à comprimer prix et coûts, ce qui correspond à une politique déflationniste. Il y a alors des risques sur les profits (marges) et sur la paix sociale (salaires), affirme Keynes. Ce qui est aussi un cercle vicieux.
 
Document 14 : Le Mark et les autres monnaies durant la période du miracle économique allemand
 
Le différentiel permanent d'inflation en faveur de l'Allemagne pose périodiquement le problème du réajustement de la parité du Mark par rapport aux autres monnaies. A l'automne 1949, le Mark n'est dévalué que de 20 %, après la dévaluation de 30 % de la Livre et de nombreuses autres monnaies. En 1960, pour compenser l'afflux de liquidités créé par l'excédent de la balance des paiements [courants], la Bundesbank porte le taux d'escompte à 5 %, augmente le taux des réserves bancaires immobilisées et oblige les banques allemandes à acheter des bons du Trésor. L'afflux des capitaux provoqué par ces mesures contraint alors le gouvernement allemand à réévaluer le Mark de 4,75 % en mars 1961. La Bundesbank a pris position contre cette mesure, car elle est hostile à des modifications de parité, de même que le patronat allemand, qui craint pour ses exportations, mais la décision incombe au gouvernement et Ludwig Erhard s'est convaincu qu'une réévaluation du Mark était le seul moyen de protéger l'économie allemande contre l'inflation importée. Les Américains, qui veulent à cette époque éviter toute dévaluation du Dollar, ont fait également pression dans ce sens. Cette réévaluation donne à l'Allemagne sept années de tranquillité sur le front du marché des changes.
Mais le laxisme monétaire des autres pays, notamment des États-Unis, persiste. Par égard pour l'allié américain, la Bundesbank s'abstient, à la différence de la Banque de France, de demander au Federal Reserve Board la conversion en or de ses excédents en Dollars. C'est un accès de faiblesse du Franc consécutif à des augmentations salariales accordées en France en juin 1968, qui va causer un nouveau bouleversement. Cette fois, la Bundesbank, dès septembre 1968, propose une réévaluation du Mark. Les sociaux-démocrates en sont partisans, mais les chrétiens-démocrates y sont hostiles. Pour finir, l'afflux des capitaux à Francfort pousse le gouvernement de coalition à décider une nouvelle réévaluation du Mark par rapport au Dollar, de 9,29 % cette fois, en octobre 1969.
Les États-Unis ne modifiant pas leur gestion monétaire, le problème de l'afflux de capitaux flottants vers l'Allemagne se repose une nouvelle fois deux ans après. L'obligation pour la Bundesbank de soutenir le cours de la monnaie américaine l'empêche de relever en Allemagne les taux de l'intérêt autant qu'elle le souhaiterait pour lutter contre l'inflation, alors qu'elle doit mettre en circulation des Marks en contrepartie des Dollars qu'elle rachète. Cette fois, le gouvernement de Bonn refuse de continuer à cautionner indéfiniment le laxisme financier des États-Unis. Ce revirement des autorités allemandes conduira le gouvernement américain à la première dévaluation du Dollar en décembre 1971 : le Mark se trouve ainsi réévalué de 13,6 % par rapport au Dollar. En février 1973, le gouvernement américain prend la décision de laisser flotter le Dollar. La Bundesbank n'a plus à intervenir et en profite pour donner la priorité à la lutte contre l'inflation. 
 
Source : Michel Hau, Histoire économique de l’Allemagne XIXème et XXème siècle, Economica, 1994.
 
Questions :
 
1) Expliquer les relations économiques sous-tendues par les morceaux de phrases en caractère gras.
Il y a une politique de désinflation en Allemagne menée par la Bundesbank dont c’est l’objet principal, contre une politique inflationniste aux Etats-Unis. Le différentiel d’inflation s’accroît.
Cette politique se traduit par une hausse du taux d’escompte (directeur) qui attire les capitaux. Le mark est demandé, il s’apprécie, et est réévalué, dans le cadre du système de Bretton Woods à parités fixes.
Le patronat allemand craint une appréciation qui nuise à la compétitivité des produits allemands à l’étranger.
L’avantage d’un mark fort, c’est d’éviter l’augmentation des prix des importations (inflation importée).
2) Quelle est la politique monétaire mentionnée à plusieurs reprises (phrases soulignées)? Quels sont ces effets ?
La politique de la Bundesbank est statutaire : lutter contre l’inflation. C’est le résultat des séquelles laissées par l’hyperinflation des années 20.
A l’inverse, la politique américaine est souple, c’est l’excès de dollars et le creusement des déficits (après le dollar gap), entretenu par la création de dollars hors du territoire américain (eurodollars).
3) Dans quel système monétaire est-on à cette période ? Justifier la phrase en caractères italiques et les événements qui vont suivre.
Ces événements sont dans le cadre du système de Bretton Woods hérité de la 2ème guerre mondial. C’est un système de change-or basé sur le dollar. Mais la montée en puissance des autres économies que celle des Etats-Unis à peu à peu rendu ce système obsolète. Les parités fixes sont chahutées et les pays refusent d’être solidaires d’une politique qui n’est pas la leur. Ce sera en particulier le cas de l’Allemagne.
 
Document 15 : Qui pour détrôner le roi dollar ?
 
Le 22 juillet 1944, il y a soixante-dix ans, étaient signés les accords de Bretton Woods qui créaient le FMI, la Banque mondiale et consacraient la domination internationale de la monnaie américaine, le dollar. Au tournant des années 1970, les parités de change fixes et la convertibilité à prix fixe du dollar en or, qu'avaient instituées Bretton Woods, ont été démantelées. Durant les années 1980 et au tout début des années 1990, les restrictions aux flux de capitaux - qui avaient prévalu depuis la guerre, sauf aux Etats­Unis- ont été à leur tour démantelées.
Ni l'émergence de concurrents (le mark puis l'euro, le yen et maintenant le renminbi chinois), ni les attaques frontales (la conversion en or des réserves des banques centrales en dollar, dans les années 1960), ni les dysfonctionnements de l'économie américaine, parfois très graves (inflation et déficits publics dans les années 1960-1970, quasi-effondrement du système financier en 2008), ni les institutions monétaires régionales plus ou moins concurrentes du FMI (comme l'initiative de Chiang Mai en Asie), ni l'indifférence améri­caine aux problèmes des autres n'ont, jusqu'à présent, eu raison de la primauté du billet vert.
L'illustration la plus forte de cette primauté maintenue a été l'appréciation du taux de change américain au plus fort de la crise de 2008-2009. Cette domination n'est certes pas éternelle. Avant le dollar, il y avait eu la livre sterling et il y aura certainement un après. Mais, quand adviendra-t-il et en quoi consistera-t-il ?
La primauté du dollar est fondée sur deux piliers : la domination économique américaine et ses implications géopolitiques, et la confiance que le système économique et financier des Etats-Unis inspire. Il est probable que le recul et, finalement, l'éviction du dollar résulteront de l'affaissement de ces deux piliers. Au demeurant, la dynamique de la reprise actuelle aux Etats-Unis, certes fragile et sans doute génératrice de nouveaux déséquilibres financiers, ne laisse pas penser que le déclin relatif et sans doute irrémédiable, de la puissance américaine connaît une phase d'accélération brutale.
Pour la succession, trois voies sont possibles. La première est volontariste. Elle consiste à mettre en place un ordre public monétaire international harmonieux. C'est cette approche qui est sous-jacente à l'idée d'une « réforme du système monétaire international ». Des institutions efficaces, dotées des moyens adéquats (très certainement une monnaie internationale) seraient chargées de la régulation monétaire internationale.
La seconde est cynique. L'ordre public monétaire international découle avant tout de la puissance économique hégémonique et de la capacité à s'imposer comme un modèle. C'est la situation qui a - pour l'essentiel - prévalu depuis la fin du XIXe siècle. Si le dollar est un jour remplacé, ce sera par une autre puissance monétaire internationale, à la fois plus forte et davantage en mesure d'inspirer la confiance que les Etats-Unis.
La troisième voie est une synthèse, relativement minimaliste mais pragmatique, des deux précédentes qui valorise des approches régionales avec l'espoir que ces approches soient rendues complémentaires dans un cadre multinational. Cette voie trouve un écho dans l'expression « filets de sécurité financiers internationaux » (global financial safety nets).
Les évolutions les plus récentes laissent penser que les deux dernières approches tendent à se combiner tandis que la première apparaît dans les limbes.
Ainsi, les accords d'échange de liquidités (« swaps ») entre la réserve fédérale américaine et plusieurs banques centrales ont créé un nouveau filet de sécurité incontestablement efficace. Dans le même temps, ces accords - qui ont été institutionnalisés à l'automne 2013 - échappent à tout cadre international. Ils réduisent le rôle du FMI et confortent la puissance américaine.
Depuis 2009, des initiatives ont été prises en matière de régulation financière au sein du G20. Elles sont désormais coordonnées de manière plus étroite par le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, FSB). Cela peut être compris comme le produit de la volonté américaine de consentir à une harmonisation minimale pour favoriser la poursuite d'un processus de globalisation financière qui leur a été jusqu'à présent favorable.
De son côté, la Chine mène une politique d'internationalisation du renminbi qui comporte également un volet d'accords d'échange de liquidités entre les banques centrales. Cette politique vise, certes, à mieux structurer une zone monétaire asiatique, à éliminer des coûts et des risques liés au passage des transactions commerciales et financières par des monnaies tierces. Il est toutefois difficile d'imaginer que toute ambition monétaire hégémonique est absente de cet effort méthodique.
 
Source : Christophe Destais, Qui pour détrôner le roi dollar ? Les Echos, 23 juillet 2014.
 
Questions :
 
1) Montrer comment les événements soulignés au début du texte auraient pu remettre en cause la place internationale du dollar.
Le système de Bretton Woods était fondé sur le dollar. Il n’a pas tenu ses promesses. Les déficits américains se sont creusés. Au même moments, les économies sinistrées de la 2ème guerre se sont rétablies, concurrençant les Etats-Unis et sa monnaie. La solidarité qui était inscrite dans le traité n’a pas fonctionné. Bref, tous ces éléments auraient dû conduire au déclin de la place internationale du dollar, mais ce n’est pas le cas.
2) Comment l’auteur justifie-t-il cette permanence ?
Tout d’abord parce que c’est la monnaie de la première économie du monde, et que ce fait a des implications autres qu’économiques (rôle des Etats-Unis dans la gouvernance du monde en général).
Ensuite parce que le système économique et financier même est celui en lequel on a le plus confiance. C’est donc la monnaie dans laquelle il est le plus aisé de se projeter dans le temps.
3) Justifier les qualificatifs utilisés (indiqués en caractère gras) par cet auteur pour caractériser les évolutions possibles du système monétaire international.
Instaurer un nouveau système monétaire international nécessite une coopération entre les Etats qui doivent se mettre d’accord. D’où le qualificatif de « volontariste ». D’ailleurs, cette voie apparaît comme peu probable, voire utopique.
Qui sera demain la première puissance économique et financière au monde ? C’est ce qui déterminera la prochaine monnaie dominante. D’où le qualificatif de cynique. Il faut donc laisser faire.
La troisième voie serait d’instaurer des systèmes pour organiser la coopération en cas de problème (une coopération a minima donc). (harmonisation minimale) d’où le qualificatif de voie de synthèse.
4) Quel rôle est donné pour la monnaie chinoise aujourd’hui ? envisagé pour demain ?
La monnaie chinoise n’est pas une monnaie internationale, mais qui peu à peu s’internationalise (zone asiatique). Cette politique s’accentuera sans doute.
 
Document 16 : La première mondialisation financière
 
La première mondialisation a […] été caractérisée par l'essor des flux financiers internationaux. L'importance des flux de capitaux sur la période 1870-1913 peut être appréhendée par une approximation des flux nets de capitaux, basée sur la valeur absolue de la balance courante. Selon cette approximation, les flux de capitaux connaissaient des niveaux élevés entre 1870 et 1913, avant de décliner dans de nombreux pays pendant l'entre-deux-guerres. Au niveau agrégé, la croissance des investissements internationaux dépassait celle du commerce : entre 1825 et 1913, les exportations mondiales ont été multipliées par 20 (en valeur), tandis que le volume du stock brut de capitaux à l'étranger a été multiplié par 50.
Cette intégration financière, forte, se limitait cependant aux pays développés avant 1914. Les pays industrialisés européens fournissaient la principale source de financement, la Grande-Bretagne étant l'investisseur le plus important. En 1913, 40 % du stock de capitaux investis à l'étranger était d'origine britannique, et 86 % d'origine européenne. Entre 1870 et 1913, les investissements à l'étranger (approximés par l'opposé du compte courant) représentaient en moyenne 5 % du PIB britannique, avec un pic à 9 % en fin de période. L'adoption de l'étalon-or a rendu possible la hausse des flux de capitaux, et la place de Londres a joué un rôle majeur dans le fonctionnement du système financier international.
Contrairement à la phase actuelle de mondialisation, la première mondialisation n'a pas été caractérisée par l'internationalisation du processus de production. En 1913, les entreprises multinationales représentaient 3 à 6 % de la production mondiale. […] L'activité à l'étranger ne contribuait pas substantiellement aux profits des entreprises américaines. Les investissements directs à l'étranger (IDE) représentaient seulement 10 à 20 % des investissements à l'étranger, les investissements de portefeuille étant alors prépondérants. Les poids relatifs des IDE et des investissements de portefeuille sont en revanche plus équilibrés aujourd'hui.
En 1914, les IDE visaient davantage à favoriser l'accès aux matières premières qu'à internationaliser le processus de production. Les principaux destinataires d'IDE étaient les États-Unis et la Russie, riches en matières premières : 55 % du stock mondial des IDE se dirigeait vers le secteur primaire, 15 % vers le manufacturier et 10 % vers le secteur bancaire. Si l'introduction de mesures protectionnistes en Europe à partir de 1879 avait favorisé la relocalisation des unités de production dans les pays où la pénétration des marchés était entravée par les barrières douanières (c'était notamment le cas des entreprises textiles suisses relocalisées en Italie suite à l'adoption de tarifs protectionnistes), ces pratiques de contournement ne constituaient pas à proprement parler une internationalisation du processus de production.
Les obstacles technologiques et l'imperfection de l'information restreignaient les flux de capitaux à un nombre limité d'actifs sur lesquels les asymétries d'information pesaient le moins. Les investisseurs se concentraient sur les actifs tangibles (matières premières, chemins de fer) et transparents (financement des gouvernements), ainsi que sur les obligations plutôt que sur les actions. Le financement des gouvernements, des sociétés de chemins de fer et des secteurs des matières premières attirait l'essentiel des investissements : 40 % des investissements de portefeuille britanniques étaient destinés aux chemins de fer, 30 % à la dette souveraine, 10% aux matières premières. Les contraintes technologiques et informationnelles limitaient à l’époque les possibilités d’investissement de court terme. Le moindre développement des institutions financières internationales pouvait également limiter les possibilités de contrôle de l’information et du respect des contrats.
 
           Source : Violaine Faubert, Quels enseignement tirer de la première mondialisation (1870-1914)?, Trésor éco n°93, octobre 2011.
 
Questions :
 
1) Expliquer les expressions ou phrases en caractères gras.
En quelque sorte, le compte financier est la contrepartie du compte courant (le déficit de l’un est compensé par l’excédent de l’autre (au compte de capital près). Donc ce peut en être une estimation.
L’internationalisation du processus de production c’est la segmentation de la production d’un bien sur plusieurs pays, en fonction des avantages spécifiques des différents territoires. Cela n’existe pas ou peu durant la première mondialisation (technologies et coûts des transports et télécommunications inadaptés).
Internet n’existe pas, comme la dématérialisation actuelle de ce type de transactions. L’information ne circule pas aussi vite et efficacement, il y a donc une limitation de certaines transactions.
2) Montrer qu’il existe bien une mondialisation financière pendant la période 1870-1914) (plusieurs arguments à citer)?
Plusieurs faits vont dans ce sens : des flux de capitaux importants, et en croissance supérieure à celle du commerce des biens et services.
3) Pourquoi est-elle spécifique par rapport à la globalisation financière actuelle (plusieurs arguments à citer)?
Des différences, des spécificités pour cette première mondialisation financière : une limitation aux pays développés et en particulier aux pays industrialisés européens (GB au premier chef), pas de DIPP, une moindre importance des IDE, une multinationalisation limitée à l’accès aux matières premières, des catégories particulières d’actifs « tangibles » (matières premières, chemins de fer) et « surs » (Etats), du financement de long terme.
 
Document 17 : Flux de capitaux internationaux durant la première mondialisation pour quelques pays (moyenne de la valeur absolue de la balance courante en proportion du PIB, %)
 
Questions :
 
1) Donner la signification de la donnée en caractères gras.
Les flux internationaux de capitaux pour la Grande-Bretagne, estimés par la valeur absolue de la balance courante, représentent environ 4.6% du PIB entre 1870 et 1913 en moyenne.
2) La première mondialisation financière concerne-t-elle tous les pays du tableau ? Justifier sa réponse.
Il y a de fortes inégalités d’intégration financière entre les pays : Grande-Bretagne, Australie et Canada sont concernés au premier rang. La France n’est pas mal placée, mais un cran en dessous.
3) Quelle évolution peut-on constater entre les deux périodes considérées ? Que peut-on en conclure ?
Excepté pour l’Allemagne et l’Italie, on peut constater un repli de l’intégration financière entre 1919 et 1939, typique du retour du protectionnisme, y compris financier, consécutif à la crise des années 1930.
 
Document 18 : Indicateurs de la globalisation financière
Questions :
 
1) Quels sont les indicateurs de la mondialisation financière utilisés ici ? Quelle est leur signification ?
Il ya trois indicateurs, chacun est une proportion du PIB : poids du commerce mondial, poids des entrées de capitaux (flux), poids des positions extérieures nettes (stocks).
Plus ces deux derniers indicateurs sont élevés, plus les transactions financières ont de poids. L’intégration financière s’accroît en particulier lorsque ces deux indicateurs évoluent plus vite que le premier.
2) Indiquer les tendances d’évolution de ces indicateurs. Faire des hypothèses sur les causes d’évolution.
Il y a une tendance nette à l’augmentation sur la période (de 1980 à 1990 pour les positions extérieures), avec une inflexion dans les années 1990. Malgré tout, la crise de 2008 a brisé cet élan. Pour les indicateurs de flux, il n’y a pas encore sur ces graphes de retour à la normale. Ces indicateurs manifestent la mondialisation financière. Les causes en sont politiques, technologiques et économiques (voir cours sur la question et document qui suit).
 
Document 19 : Pourquoi l’intégration financière internationale ?
 
L'intégration financière mondiale favorise en principe la croissance à long terme grâce à une meilleure allocation internationale de l'épargne et de l'investissement. Mais elle peut aussi compliquer la gestion macroéconomique, comme plusieurs pays émergents en font actuellement l'expérience, en raison de la transmission internationale plus rapide des chocs ainsi que des risques accrus de surchauffe, de cycles de flambée suivie d'un effondrement du crédit et des prix des actifs, et d'inversions brutales des entrées de capitaux.
[…]
L'intégration financière internationale s'est accélérée dans la décennie précédant la crise. Le montant annuel des flux transfrontaliers bruts a augmenté considérablement pour passer d'environ 5 % du PIB mondial au milieu des années 90 à quelque 20 % en 2002. En conséquence, le degré d'ouverture financière internationale (mesuré par la somme des actifs et engagements extérieurs des pays en pourcentage du PIB) a plus que doublé au cours de cette période, pour passer de 150 % à 350 % du PIB mondial en 2007, avec une nette accélération durant les années 2000. Cette accélération de l'intégration financière mondiale a reflété une combinaison de divers facteurs conjoncturels et structurels : La poursuite de l'innovation et du développement financiers aussi bien dans les économies émergentes que dans les économies développées a accéléré l'intégration financière mondiale. Le vif essor des activités bancaires internationales, couplé à l'extension des intérêts étrangers dans les institutions financières, et la tendance croissante de ces dernières à se financer sur les marchés de capitaux internationaux ont joué un rôle important, surtout dans la période antérieure à la crise. Selon la BRI, le montant des avoirs et des engagements extérieurs des banques, exprimé en pourcentage du PIB mondial, est passé de quelque 30 % en 1990 à environ 60 % en 2007, l'essentiel de cette hausse ayant eu lieu dans les années 2000. Ces activités étaient surtout concentrées dans les économies avancées.
La réduction des contrôles de capitaux à l'échelle mondiale a également joué un rôle majeur dans cette évolution. Sur la base des indicateurs disponibles, les pays de l'OCDE à revenu élevé se situent généralement dans le quartile supérieur de la distribution du degré d'ouverture du compte de capital, mais la libéralisation de ce compte au cours de la décennie écoulée a revêtu à peu près la même ampleur dans les pays de l'OCDE à revenu élevé et dans les économies émergentes. Parmi les pays émergents, l'impulsion est venue principalement des pays d'Amérique latine et des pays d'Europe centrale et orientale.
La croissance rapide des échanges a également contribué à l'intégration financière mondiale par la création de crédits commerciaux et de contrats d'assurance à l'exportation. Toutefois, les flux internationaux de capitaux ont augmenté près de trois fois plus que le commerce mondial entre 1994 et 2007.
Dans les pays avancés, après la création de l'euro, l'élimination de la prime de risque de change au sein de la zone euro a contribué à une intégration financière européenne plus poussée.
Les opportunités d'investissements se sont multipliées dans de nombreuses économies émergentes, qui ont aussi bénéficié d'une nette diminution du biais domestique, même si la plupart des flux continuent de se produire entre les pays avancés.
L'impact de ces changements structurels a été exacerbé jusqu'en 2007 par des facteurs cycliques, notamment une période prolongée de faiblesse des taux d'intérêt dans les pays avancés et une épargne exceptionnelle des pays exportateurs de produits de base.
 
              Source : Perspectives économiques de l’OCDE, volume 2011/1, OCDE, 2011.
 
Questions :
 
1) Quels sont les avantages attendus et les risques de l’intégration financière mondiale soulignés ici?
Le texte parle d’une meilleure allocation de l’épargne et de l’investissement, avec l’instauration d’une concurrence plus parfaite sur ces marchés. (Principe des marchés financiers parfaits, efficients)
Les risques sont aussi soulignés : transmission plus rapide des chocs, par les échanges de biens, services et les transactions financières. Les bulles sont ainsi plus fréquentes.
2) Expliquer les relations ou expressions en caractères gras.
Le « quartile supérieur » correspond aux pays parmi les 25% les plus ouverts ou les plus intégrés financièrement. Les pays à revenu élevé de l’OCDE sont aussi les plus intégrés, les plus ouverts aux transactions internationales.
3) Quels sont les facteurs expliquant la mondialisation financière de ces quinze dernières années ?
Plusieurs explications sont citées : la croissance de l’innovation financière, l’essor des activités bancaires internationales, l’interpénétration des économies en même temps que la montée des déséquilibres internationaux, l’implication des pays émergents dans ces évolutions (nouvelles opportunités créées). La croissance des échanges a conduit aussi à la multiplication des contrats de support et d’assurance de ces nouvelles transactions internationales.
Une explication spécifique : l’intégration financière particulière des pays de la zone euro.
 
Document 20 : Flux d’IDE mondiaux, 2004-2012, et projections 2013-2015, en milliards de dollars
Questions :
 
1) Donner la signification de la donnée du graphique pointée.
Plus de 2000 milliards d’euros de flux d’IDE recensés dans le monde en 2007.
2) Quelles tendances d’évolution peuvent être observées pour les IDE mondiaux sur ce graphique ?
Une croissance peut être observée dans les premières années, cette croissance étant interrompue par la crise de 2008 et ses conséquences (défiance, repli national). Malgré tout, la période récente montre ou montrera le retour aux niveaux d’avant crise, ou presque.
3) Faire des hypothèses sur les explications à donner à ces tendances.
Les mouvements de capitaux résultent notamment des autres transactions, réelles. Ils sont également en particulier sujets à la confiance des agents économiques, d’où le repli net enregistré de 2008 à 2010.
 
Document 21 : 20 premiers pays investisseurs au monde puis 20 premiers pays destinataires d’investissements en 2012 (classement 2011 entre parenthèses)
 
Questions :
 
1) Comparer les deux graphes ci-dessus ? Que peut-on remarquer ?
Un point commun, les Etats-Unis sont en tête, la Chine vite derrière. Malgré tout, une différence majeure dans la place des autres pays développés par rapport aux pays émergents : Les pays émergents sont mieux placés comme destinataires que comme investisseurs. C’est l’inverse pour les autres pays développés, le Royaume-Uni étant en position plus équilibrée que les autres.
2) Comparer 2011 et 2012 : quelle évolution peut-être constatée dans les classements des pays émetteurs et récepteurs ?
Certains pays émergent (ou leur position d’émergent se confirme) : Hong Kong ou Brésil. D’autres se replient comme la France.
 
Document 22 :
1) Que figurent les trois axes de ce graphe ?
Axe 1 : plus ou moins grande importance des marchés financiers.
Axe 2 : plus ou moins grande concentration du secteur bancaire
Axe 3 : plus ou moins de séparation entre activités bancaires et financières
A l’origine : marchés financiers peu importants, faible concentration du secteur bancaire, absence de séparation entre les activités bancaires et financières.
2) Dans quel cas y-a-t-il fort un fort risque systémique selon Michel Aglietta ? une moindre efficacité économique ? Pourquoi ?
Un fort risque systémique existe dans le cas où les marchés financiers sont importants (transmission des chocs plus rapide), sans séparation entre les activités à risque et les autres, avec un secteur bancaire peu concentré, donc plus vulnérable (Etats-Unis des années 1930).
La moindre efficacité micro est caractérisée lorsque le secteur bancaire est concentré, ce qui limite les opportunités de financement. (France des années 1980, avant la loi bancaire)
3) Commenter la position des Etats-Unis dans les années 1930.
Voir question 2. La vunérabilité américaine est ici maximale, la crise boursière va devenir financière, économique et internationale donc systémique.
4)  Commenter les deux positions en 1980 et 1984 de la France.
1984 en France (quelques années après les pays anglo saxons, voir cours sur ce sujet) est une date clef dans le processus de déréglementation financière. D’où le changement de position de la France, malgré tout « protégée » par la forte concentration de son secteur bancaire qui réduit son exposition au risque systémique.

Étude de l’institut de l’entreprise

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